L'île de Pantelleria - Passeggiate - Randonner hors des sentiers battus

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L'île de Pantelleria

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"Je ne crois pas qu’il existe de meilleur endroit au monde pour penser à la Lune. Mais Pantelleria est plus belle." 
Gabriel Garcia Marquez
"La plus belle des photos ne lui rend pas justice." 
   Henri Cartier-Bresson
 
Pantelleria, une île très particulière
Avec ses 83 km², Pantelleria est la plus vaste des îles rattachées à la Sicile. Située au centre de la Méditerranée, entre la Sicile au nord-est, Malte au sud-est et la Tunisie à l’ouest, elle est en fait plus proche de la Tunisie (70 km) que de la Sicile (110 km). L'île n'est que la partie émergée d'un immense complexe volcanique dont la base repose par mille mètres de fond sur la marge septentrionale du rift (fossé d'effondrement) du Canal de Sicile. La dernière éruption remonte à 1891 dans la partie immergée au nord-ouest (Mursia), mais des phénomènes secondaires, tels les sources chaudes, les geysers et les fumerolles, témoignent d'une activité encore persistante. Pantelleria est un des neuf volcans italiens émergés encore actifs (avec le Vésuve, l'Etna, Stromboli, Vulcano, Lipari, Ischia, Campi Flegrei et Colli Albani). L'île est un long plan incliné ovale constitué de plaines et de collines au nord-ouest et d'un relief plus accidenté au sud-est, dominé par la Montagna Grande (836 mètres), son point culminant. Son paysage unique semble fait pour surprendre : vastes champs et sculptures de lave solidifiée, grottes terrestres et, en bord de mer, innombrables criques, grottes et îlots rocheux (faraglioni), constamment battus par les vents. Ces conditions très particulières, alliées à la quasi-inexistence des sources d'eau terrestre, ont contraint les habitants de toutes les époques à adapter leurs constructions en utilisant la pierre volcanique locale pour s'abriter et recueillir l'eau de pluie. 
Natale d'Aguì
L'île est recouverte d'un réseau de murs en pierre sèche destinés à protéger du vent les terres cultivables, à épierrer et contenir la terre, et à délimiter les parcelles. On y trouve aussi une habitation typique, le dammuso, sorte de cube en pierre sèche aux murs très épais, recouverts d'un enduit dur et imperméable, mélange de tuf rouge et de chaux, percés de portes en plein cintre et de minuscules fenêtres. Leur épaisseur exceptionnelle permet de supporter le poids du toit et contribue à l'isolation thermique en maintenant la fraîcheur l'été et la chaleur en hiver. Le toit en coupole sert à canaliser les eaux de pluie vers des citernes placées à proximité. Tout aussi intéressant est le "jardin", construction cylindrique en pierre sèche qui entoure un ou quelques arbres d'agrumes (citronnier, cédrat ou oranger), les protège du vent et du froid en hiver, et constitue un véritable petit "temple" dédié à ces arbres. Toutes ces constructions peuvent être vues comme une synthèse du génie de tous les peuples qui se sont succédé sur l'île, depuis les Phéniciens jusqu'aux Arabes, en passant par les Carthaginois et les Romains qui ont laissé des centaines de citernes, une merveille d'ingéniosité puisqu'elles fonctionnent encore parfaitement, après quelque 2500 ans ! 
 
Autant de peuples, autant de noms
La position géographique de Pantelleria en fait une terre de passage depuis des millénaires. Certainement occupée dès le néolithique, Pantelleria conserve de nombreuses traces des époques préhistoriques, dont le plus bel exemple est le village fortifié de Mursìa datant de l'âge du bronze (2ème millénaire avant J.-C.), édifié par les Sésiotes, une civilisation fascinante qui a laissé, entre autres, des monuments funéraires, appelés sesi, dont il subsiste une centaine d'exemplaires à Cimillia, à l'ouest de l'île. Les fouilles archéologiques de ces sites ont livré de nombreuses pièces liées aux activités domestiques (agriculture, élevage, chasse et pêche) et commerciales (bronze et céramique). Le peuple des Sesi disparaît subitement au XIVème siècle avant J.C. pour des raisons mystérieuses (catastrophe naturelle ou invasion étrangère ?). Suit une longue période d'inoccupation jusqu'au VIIIème siècle avant J.C. lorsque les Phéniciens viennent y établir une colonie dénommée Yranim (île des oiseaux) puis Cossyra, ils laisseront quelques vestiges archéologiques (collines de San Marco et Santa Teresa). Puis Cossyra passe rapidement sous domination carthaginoise. C'est à l'époque punique que sont construites les centaines de citernes parsemant tout le territoire, ensuite reprises par les Romains qui envahissent l'île de multiples fois durant les guerres puniques jusqu'à sa conquête définitive en 217 avant J.-C. Dès lors, l'économie prend un essor considérable (exploitation de l'obsidienne, entre autres) comme en témoignent les nombreux vestiges mis au jour (bâtiments, sculptures de marbre représentant César et Titus, ateliers de céramique, nécropoles). 
En 540 après J.C., la conquête byzantine met fin à l'hégémonie romaine, amène la christianisation des habitants et inaugure une longue période de décadence. A partir de 700, les Arabes s'installent pour 400 ans. Ils laisseront une grande partie des éléments caractéristiques du paysage actuel, tels les dammusi, et imprègneront définitivement la langue locale. En 1123, les Normands chassent les Arabes et annexent l'île au Royaume de Sicile. Puis se succèdent les Suédois, les Angevins, les Aragonais et les Bourbons, jusqu’au ralliement définitif de Pantelleria au Royaume d'Italie en 1860. Aujourd'hui, celle-ci dépend administrativement de la province de Trapani. 
L'évolution du nom Pantelleria est tout aussi intéressante. Tour à tour dénommée Cossyra par les Phéniciens, Kosyras (terre sacrée de la déesse de l’amour) par les Grecs, Cossura par les Romains, Ghusiras par les Sarrasins, et al-Quasayra (la petite) puis Bent-el-Riah (fille du vent) par les Arabes, Pantelleria pourrait dériver du mot byzantin Pantelareas qui veut dire "plat" ou "poêle" ou encore "terre riche en offrandes votives". Quoi qu'il en soit, le nom semble toujours lié à la fécondité.
Le maquis méditerranéen et l'âne de Pantelleria
La flore autochtone typique du maquis méditerranéen occupe la partie sud-est de l'île. On y trouve le genêt, l'arbousier, le pin maritime et les plantes aromatiques typiques de la garrigue (thym, romarin, lavande, origan, calamintha). Sur les sommets prédomine le pin des cimes, remplacé par le chêne vert à moindre altitude. La rareté de l'eau autre que pluvieuse empêche l'agriculture irriguée, ce qui réduit d'autant la variété de plantes comestibles. L’île est réputée pour sa production de câpres, d'olives (variété biancolilla), au sein de petites oliveraies bien protégées du vent, et de vin (Moscato et Passito). Les agrumes sont rares et cultivés avec beaucoup de soin. Concernant la faune, Pantelleria est une étape importante le long des voies de migration de nombreuses espèces d'oiseaux entre l'Afrique et l'Europe. Parmi les espèces endémiques, y nichent diverses espèces de rapaces, dont le faucon pèlerin, la buse et l'effraie. Les mammifères sauvages sont tous de petite taille, tels le lièvre et autres petits rongeurs. Autrement, on y élève des bovins et des moutons. Enfin, l'âne de Pantelleria, réputé dès le 1er siècle avant J.-C. pour sa robustesse et son adaptation aux sentiers de l'île, tend à revenir depuis une douzaine d'années grâce à un plan régional de protection de l'espèce. Il était beaucoup utilisé en viticulture et avait même une étable réservée (sarduno).  
Les autres atouts de l'île
La gastronomie de Pantelleria offre une grande variété de plats typiques, mélange de saveurs siciliennes et maghrébines : le taboulì, variante du couscous, les pâtes aux courgettes locales, de nombreux plats à base de pois chiches, fèves et lentilles rouges, des salades de légumes de l'île, le tumma, fromage frais consommé en met salé ou en dessert, et pour finir, le bacio pantesco, dessert à base de ricotta. Pantelleria est aussi connue pour ses saunas naturels à l’intérieur de grottes où les vapeurs chaudes proviennent de l’activité volcanique pérenne. 

Depuis 2016, la majeure partie de l'île est intégrée au Parc national de Pantelleria qui comprenait déjà une réserve naturelle autour du lac Specchio di Venere (Miroir de Vénus) formé dans un ancien cratère.

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